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Veridik : Jean Marc Governatori propose le « bannissement » pour les multirécidivistes et certains délinquants

Le leader du parti l’Écologie au centre et élu d’opposition au conseil municipal de Nice, a proposé comme alternative à la prison le bannissement. Il nous explique plus en détail sa proposition. 

Véridik. Monsieur Governatori, vous proposez le « bannissement » comme une nouvelle forme de sanction pour certains criminels. Pouvez-vous expliquer cette idée ?

« Ça fait cinquante ans que les politiques conventionnels font des promesses et que les mesures conventionnelles ne fonctionnent pas. Et je pense que ce serait un élément de dissuasion qui fonctionnerait sur une partie des multirécidivistes et une partie des criminels.

Et ça signifie quoi alors ? Le bannissement, c’est rétablir les bagnes ? 

Pas du tout. Non, ç’a ce sont les journalistes qui ont fait une digression à leur façon. Dans les bagnes, il y a des châtiments corporels et j’y suis tout à fait opposé.

Ce que je propose c’est qu’au lieu de faire de la prison à Paris, on va faire de la prison à dix mille kilomètres, ce qui est une punition pour les multirécidivistes ou pour le criminel de Cherbourg qui a violé avec torture une jeune femme. Un cas d’école qui mérite une punition puissance dix.

Nous pensons que le fait d’éloigner très loin des criminels et des multirécidivistes, c’est dissuasif.

Ça rappelle quand même Cayenne…

Ça peut rappeler ce qu’on veut, nous ce qu’on dit clairement, c’est qu’il faut faire des prisons à 10 000 km de la France sur des îles habitées ou inhabitées parce que ça va refroidir les ardeurs des criminels et des délinquants.

On ne va pas passer à zéro crime et délit, mais je suis certain que ç’a aura une forme d’efficacité.

Et du coup, j’ai cru comprendre que c’était pour des cas précis ? 

Alors là, bien sûr, ce serait au juge de décider. Celui qui a violé avec torture la femme de Cherbourg, pour moi c’est un type à bannir, celui qui a fait dix vols avec violence à domicile c’est à bannir aussi…  Voilà, c’est pour des cas particuliers.

Je crois savoir que vous parliez de harcèlement scolaire aussi ?

Je pense que quand un jeune de quinze ans, on l’a pris une fois, deux fois, qu’il continue, allé faire un séjour pendant un mois à 10 000 kilomètres de la France, coupé de tout, je pense que ça lui ferait un choc émotionnel suffisant pour lui faire prendre conscience que c’est mal ce qu’il fait.

Parce que dans la vie, on change souvent ou parfois, par des épreuves émotionnelles. Et le bannissement, c’est fort comme symbole, puisque l’on est mis hors de la tribu, expulsé quelque part. Nous pensons que cela aurait un impact fort.

Dans le cadre du harcèlement scolaire, déjà, ce sont des mineurs. On ne va pas bannir des mineurs quand même ?

Et bien c’est le juge, qui va le décider. Mais si vous avez un mineur de quinze ans qui emmerdre tout le monde… On lui dit une fois, on lui dit dix fois, il continue. Et ça ne vous aura pas échappé que ça conduit à des suicides. Mais on ne parle pas non plus, d’une autre conséquence du harcèlement, qui est la dépression. Donc il y a des tas d’enfants qui sont en déprime parce qu’il y a quelques petits connards qui continuent. Donc à un moment, il faut une sanction. Si on donne une sanction conventionnelle et qui ne se passe rien…

Je le répète, cela serait au juge de décider, au cas par cas. Mais je suis persuadé que ce serait une punition très efficace. Il se trouve que je connais très bien les policiers et par exemple, la privation de téléphones portables et de tout accès à Internet est très pénible pour un jeune. Ça c’est une échelle de la graduation, de la peine.

Il y a Virginie Atlan qui travaille à la Maison de la Métropole Nice Côte d’Azur… Elle avait lancé un concours de dessin sur le harcèlement scolaire, vous en avez entendu parler ? 

Ça me dit quelque chose… Et alors ?

Nous parlions de harcèlement scolaire…

Pour le harcèlement scolaire, il y a le programme pHare qui est la première étape pour expliquer aux jeunes de façon positive « est-ce que tu peux aider la personne que tu harcèles ». Après il y a des cas pathologiques. On peut être très méchant à 15 ans. Et le très méchant à quinze ans, ce sera un criminel cinq ans après. Donc il faut vite lui couper ses envies.

Il est évident qu’il faut condamner les viols, que ce qui s’est passé à Cherbourg c’est innommable, mais est-ce qu’on ne perdrait pas quelquepart la nature de notre régime démocratique en ayant recours à des punitions dignes d’un régime totalitaire ? 

D’une part, il n’y aurait évidemment pas de châtiments corporels, c’est simplement avoir le symbole d’être banni parce qu’on a une faute particulièrement grave ou particulièrement répétée. C’est totalement démocratique. Je suis persuadé que si nous faisons un référendum auprès des Français, il y aurait les trois quarts qui seraient d’accord.

Je vous sens sur des prises de position conservatrices en ce moment… Sur l’Abaya vous en pensez quoi ?

Je pense que c’est un sujet qui se discute, mais au final, c’est mieux qu’il y ait des règles. Je pense que la réponse n’est pas évidente, mais au final, c’est bien qu’il y ait des règles.

C’est-à-dire ? 

En l’occurrence, c’est la règle de la laïcité. Donc la réponse n’est pas évidente. D’autant que ça concerne très peu de personnes, très peu d’élèves qui veulent mettre l’abaya. Mais c’est bien de fixer des règles. Et ce n’est pas parce qu’une position est conservatrice qu’elle est mauvaise et ce n’est pas parce qu’une position est progressiste, qu’elle est mauvaise. Il faut trier et faire du cas par cas.

Il y a l‘expérience de l’accord tripartite qu’il y avait eu à Nice au niveau de l’office HLM pour l’expulsion des délinquants qui a été cité en exemple par Darmanin et dont on a parlé dans les médias récemment. Vous en pensez quoi vous?

Encore une fois, il faut vraiment faire du cas par cas, parce que punir les parents, parce que les enfants sont délinquants, c’est compliqué. Parce que quand on a des enfants, on sait très bien qu’il n’y a pas que nous qui les éduquons. Les enfants sont éduqués par les parents, par la société, par la télévision, par les copains, donc dans certains cas, cela se discute. Mais c’est vraiment du cas par cas et il ne faut surtout pas que cela soit systématique.

Donc vous êtes pour ou contre cet accord tripartite ? 

On ne peut pas être pour ou contre, tout le temps. Ça dépend des cas. Comment ça s’est passé entre le jeune et avec les parents ? Quelle est l’attitude des parents. On ne peut pas prendre des décisions automatiques sur des décisions aussi graves ? D’autant que ce n’est que déplacer le problème. Quand vous expulsez le locataire en question, il faut le déplacer ailleurs. La solution, c’est vraiment de taper sur la personne qui commet le crime ou le délit.

Donc vous n’êtes pas forcément pour. 

Non. Cela ne doit surtout pas être une règle. C’est vraiment du cas par cas.

À Écologie au centre, nous sommes très sensibles au principe de responsabilité et il faut que les criminels et les délinquants soient conscients de leurs responsabilités. Donc c’est très bien de penser au droit des criminelles et des délinquants, mais nous d’abord, on pense aux droits de la victime et des victimes potentielles, parce que si les multirécidivistes vous ne les arrêtez jamais, une fois qu’il a fait six infractions, il va en faire vingt… Et subir chez soit des gens qui viennent vous attaquer parque c’est devenu leur mode de vie, je trouve ça très grave. Je suis convaincu de l’effet dissuasif de cette mesure éventuelle du bannissement. »

Gregory Fiori

 

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