On dit souvent que la sécurité est la première des libertés. Et il est vrai que vivre un cambriolage, être victime de violences ou pire, subir un viol, sont des événements traumatisants et n’existent pas dans la société idéale. Notre ministère de l’intérieur dénombre 10.000 crimes et délits par jour dont 1.000 faits de violences ! Analyser les causes aidera à multiplier les solutions. J’affirme que l’organisation de notre société crée les conditions de la délinquance de masse d’aujourd’hui et de demain. Nos gouvernants sont donc coupables de fautes graves et répétées. Voici pourquoi.
– Lorsque des dizaines de milliers d’enfants sont rejetés des clubs de sport faute de places : en 2024, 40% des enfants de moins de 15 ans n’ont pas pu obtenir de licences pour y pratiquer un sport. Le sport est pourtant un excellent moyen de socialisation, il occupe positivement le temps du jeune, il fait comprendre la nécessité de règles à respecter. Outre qu’il est bon pour la santé évidemment.
– Lorsque des centaines de milliers d’enfants sont bloqués dans leur quartier et ne peuvent partir en vacances faute de finances : chaque été, environ 5 millions d’enfants ne partent pas en vacances, principalement en raison de la précarité de leurs familles. Cette situation est exacerbée par la suppression du « Pass Vacances » en 2025, il offrait une aide aux familles pour les séjours de leurs enfants. Là encore, des frustrations sont créées et l’utilisation du temps devient alors mauvaise.
– Lorsque tant de jeunes sont privés d’accès à la culture : l’art, de la chanson au dessin, à la musique, à la peinture, à la poterie, à la sculpture, au théâtre… est aussi un excellent moyen d’utiliser le temps, de travailler sur soi, de trouver sa place et/ou une activité professionnelle.
– Lorsque qu’il y a une telle facilité d’accès aux paris en ligne (publicité omniprésente suscitant l’appât du gain et argent facile), vous créez les conditions de la délinquance de masse car le jeune perd de l’argent qu’il doit récupérer d’une façon ou d’une autre, ou alors, son besoin financier devient aiguë : selon Santé Publique France, près de 30 % des parieurs sportifs ont entre 18 et 25 ans.
– Lorsque des dizaines de milliers d’enfants sont maltraités par les mauvais choix des A.S.E. (Aide sociale à l’enfance !) : environ 50 % des mineurs pris en charge par l’ASE souffrent de troubles psychiques, un taux cinq fois supérieur à la moyenne nationale, faute de contrôle et de suivi dans les familles d’accueil.
– Lorsque la société permet 160 000 violences sexuelles sur des enfants chaque année (selon le dernier rapport de la CIIVISE) : elles altèrent son développement affectif, psychologique et social ce qui peut conduire à des comportements délinquants ou criminels.
– Lorsque des dizaines de milliers d’enfants en difficulté sont délaissés dans les classes surchargées : En 2024, 10% des classes dépassent le seuil de surcharge faute de moyens. Et pourtant, Nelson Mandela disait déjà voilà 35 ans « L’éducation est l’outil le plus puissant que l’on puisse utiliser pour changer le monde ».
– Lorsque des centaines de milliers de jeunes sont abandonnés aux écrans : en moyenne, les enfants et adolescents âgés de 6 à 17 ans passent plus de 4 heures par jour devant les écrans, les abêtissants, leur faisant confondre réalité et fiction, et les rendant violents selon différentes études.
– Lorsque la publicité omniprésente crée tant de faux besoins inassouvis. La frustration, le besoin d’avoir, sont des sources de délinquance. Une société où on développe l’être rend moins enclin à la faute. Et réciproquement.
– Lorsque la drogue reste envahissante chez nos jeunes 50 ans après la French connection (!) : En 2024, 30% des mineurs ont déclaré avoir expérimenté au moins une drogue et 25% des 18-25 ans déclarent avoir consommé du cannabis dans l’année. Elle est une source majeure de délinquance.
– Lorsque des dizaines de milliers d’adolescents voient impunis leurs méfaits : en 2024, environ 180.000 mineurs ont été mis en cause pour des faits de délinquance en France mais seulement 30 000 ont été condamnés. Combiné à un délai moyen entre délit et condamnation par la justice, à plus de 9 mois et vous obtenez un système qui produit une société de multirécidivistes (plus d’un condamné sur 2 récidive dans les 5 ans qui suivent la condamnation). Résultat : 45% des détenus en prison ont moins de 30 ans.
– Lorsqu’il manque tant d’enquêteurs de gendarmerie et de police alors qu’il y a tant de chômeurs qui perçoivent une indemnité ou le RSA.
– Lorsque moins de 10% des OQTF sont réalisés, on crée là encore une source de crimes et délits. Lorsque l’immigré respecte les lois de la République, il peut être bienvenu, mais s’il les méprise, il doit être expulsé.
Depuis 50 ans, tous les ministres de l’intérieur, tous les présidentiables en campagne, nous disent » vous allez voir ce que vous allez voir « … On a vu ! Alors que nous pouvons pourtant co bâtir une société où on coopère, où on se parle, où on se connaît, où l’entraide devient culturelle : si la puissance publique accompagne et stimule celles et ceux qui veulent créer des systèmes d’échanges locaux (c’est un processus par lequel les habitants d’un territoire donné prennent l’habitude d’échanger leur temps, leurs biens, leurs compétences), si les jardins potagers communautaires se propagent, si les composteurs collectifs se multiplient, si on met des poulaillers en ville (toujours en concertation avec la population évidemment), si l’habitat groupé n’est plus une exception, si le covoiturage est organisé dans la transparence et la sécurité…on co bâti alors une Nouvelle société. Je viens d’expliquer que des millions de jeunes ont trop de temps mal occupé ou non occupé (ce qui revient au même) dans notre pays et ce fait est terrible : l’emploi du temps détermine une destinée. Laisser perdurer une société où le jeune s’ennuie, où il est frustré, où on l’incite au « toujours avoir plus », où il manque d’amour, où il est parfois déshumanisé, où la communication se résume aux écrans, le tout dans une société où l’individualisme et la compétition règnent, et pour couronner ce désastre, une société où certains juges sont laxistes (la sanction est une facette de l’éducation), où la Justice manque de moyens humains et matériels, où les moyens d’enquête du policier sont limités, où les prisons sont surchargées devenant vraiment « l’école du crime » là où la prison devrait être éducative, nous préparons alors des « aujourd’hui » et des « demain » terribles. Cela peut concerner n’importe qui, le problème n’arrive pas qu’aux autres, nous pouvons (devons) enfin produire une société de paix.
Jean Marc Governatori
Élu écologiste niçois, Coprésident d’Écologie au centre