ENTRETIEN. L’élu niçois, candidat malheureux à la primaire écologiste de 2021, mène la liste de l’Écologie au centre pour les élections européennes. Favorable à une « écologie centriste », il pointe les outrances du parti EELV et leur responsabilité dans l’échec de l’écologie politique.
Le JDD. Vous menez la liste de votre parti, L’écologie au centre, pour les élections européennes. Sur quelle ligne ?
Jean-Marc Governatori. Nous nous revendiquons d’une écologie européenne et centriste. En 2021, notre parti a d’ailleurs changé de nom pour devenir L’écologie au centre, manière claire d’affirmer notre positionnement. C’est sur cette ligne que nous avons rassemblé plus de 5 % lors des élections régionales en région Sud. Cela nous donne les meilleurs espoirs pour faire gagner l’écologie le 9 juin.
Seulement, il y a un autre parti mieux positionné : Les Écologistes (ex-EELV). Pourquoi ne pas militer à leurs côtés ?
Ce parti politique existe en France depuis quarante ans. Vu la situation chaque jour plus dramatique sur le plan environnemental et la prise de conscience quasi-générale sur le sujet, ce parti aurait pu rassembler une majorité pour accéder au pouvoir et changer la donne. Il n’en a rien fait.
À quoi attribuez-vous cet échec ?
EELV a décidé de se sectoriser à gauche, voire à l’extrême gauche. En clivant au lieu de rassembler, en se discréditant par ses outrances, le trio formé par Sandrine Rousseau, Marie Toussaint et Marine Tondelier porte une responsabilité patente dans le rejet de l’écologie politique.
Plus qu’un rejet des personnes, n’est-ce pas plutôt un rejet de l’écologie en tant qu’option politique ?
Je suis convaincu du contraire. Sur le développement de l’agriculture paysanne, l’économie circulaire ou la rénovation énergétique, l’écologie est la seule solution aux défis contemporains. Mais pour gagner, elle doit rassembler, c’est-à-dire ne plus être associée à ces dames qui agissent comme des repoussoirs électoraux.
Quels éléments expliquent ce rejet, selon vous ?
Ils sont légion ! Quand Marine Tondelier mène une chasse à l’homme contre Julien Bayou alors qu’il n’a été mis en cause par aucun tribunal. Quand EELV cautionne des actes éco-violents comme le blocage du périphérique ou le jet de soupe sur la Joconde… Ces éléments participent à rendre l’écologie détestable alors qu’il faudrait la faire aimer. Au nom de la cause qu’ils défendent, les écologistes ont le devoir d’arrêter les conneries !
Yannick Jadot n’incarne-t-il pas mieux que vous cette écologie centriste que vous appelez de vos vœux ?
Je garde de bonnes relations avec Yannick Jadot. Je déplore seulement qu’à la présidentielle de 2022, il ait choisi contre mon avis de se positionner à gauche. Nous avons vu le résultat : moins de 5 %. Son souci a été de ménager les radicaux du parti, alors qu’il aurait pu rassembler bien au-delà…
En avait-il réellement les moyens ?
J’en suis convaincu. Il était un bon candidat, avec une forte notoriété et une bonne image. Et je rappelle qu’aux élections européennes de 2009 et 2019, les deux scrutins où EELV avait revendiqué une ligne ni de droite ni de gauche, le parti avait enregistré les meilleurs scores de son histoire. L’écologie se gagne au centre.
En adoptant des positions radicales, Sandrine Rousseau n’a-t-elle pas imposé l’écologie dans l’agenda médiatique et politique ?
La majorité des déclarations de Sandrine Rousseau n’ont rien à voir avec l’écologie. Quand elle déclare que le « travail est une valeur de droite », revendiquant un « droit à la paresse », elle coupe son parti d’une majorité d’électeurs pourtant favorables à l’écologie. On ne compte plus ses déclarations farfelues : quand elle accuse à tort Éric Piolle de l’avoir bousculée, quand elle fait croire qu’il fait 50°C en Espagne, quand elle affirme que la consommation de viande est l’une des causes des incendies… C’est du grand n’importe quoi. Sandrine Rousseau porte un préjudice mortel à l’écologie politique, et donc à l’environnement !
L’immigration cristallise une partie du débat des élections européennes. Quelle est votre position à ce sujet ? En quoi vous différenciez-vous du parti Les Écologistes (ex-EELV) ?
Sur la question de l’immigration comme sur tant d’autres, EELV est totalement déconnecté. Quand le parti appelle à ouvrir grand les frontières, comment peut-il prétendre rassembler une majorité d’électeurs ? Recevoir tout le monde est à la fois impossible, absurde et criminel. Contrairement à EELV, je suis favorable au Pacte sur la migration et l’asile et, au niveau français, à la loi Darmanin pour contrôler l’immigration et améliorer l’intégration.
Vous qui plaidez pour une écologie au centre et qui vous revendiquez de la loi Darmanin, ne seriez-vous pas au fond Macron-compatible ?
Non, j’ai de nombreuses différences avec le président de la République, en particulier en matière de politique écologique. Par exemple, je suis en désaccord avec la décision du gouvernement d’abaisser l’âge d’obtention du permis de conduire de 18 à 17 ans. Cela signifie 800 000 nouvelles voitures potentielles sur les routes, alors qu’il existe déjà des voitures sans permis pour les mineurs. C’est une très mauvaise nouvelle pour l’écologie ! Les politiciens traditionnels, de Sandrine Rousseau à Emmanuel Macron, vivent dans un monde parallèle. J’essaie, moi, de vivre dans le monde réel.
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