1500 ans après Clovis, 1er roi des Francs, notre 1er Ministre veut qu’on réfléchisse sur qu’est-ce que c’est qu’être français. Pourquoi pas. Mais en ce moment d’impasses, la meilleure question est Quelle société voulons-nous ?
Voilà près de 250 ans que les députés vocifèrent et applaudissent. Pourtant, les résultats sont là : 15 % des Français doivent survivre sous le seuil de pauvreté, au moins 10 % des enfants subissent des maltraitances physiques et même sexuelles, 10 000 viols par an recensés, 1.000 actes de violences subis par nos compatriotes chaque jour, plus de 100.000 tentatives de suicide chaque année, 12 millions de Français sont en affection longue durée et doivent prendre des médicaments chaque jour, la drogue reste encore et toujours un fléau… en matière environnementale, respirer tue puisque 50 000 personnes meurent chaque année dans notre pays à cause de la mauvaise qualité de l’air, 500 000 en tombent malades, nos députés ont cumulé tellement de mauvaises décisions que le Français ne sait plus quelle eau boire puisque celle du robinet, comme celle en bouteille plastique, ne respecte pas les critères de potabilité. La moitié des eaux de surface et souterraines n’est pas en bon état écologique (quel désastre pour EELV après 40 ans d’existence) !
Bref, leur tableau de bord est une offense à l’intelligence. On pourrait se dire que nos députés sont parvenus à ce désastre par pingrerie. Même pas : leurs décisions nous ont mis sur le podium mondial en matière de prélèvements obligatoires outre 50 ans de déficit du budget de l’État ! Quant au budget 2025, les syndicats et les partis l’ont condamné mais il est adopté ! Il est clair qu’un budget de l’État rejeté freine l’entrepreneuriat, mais force est de constater les résultats de tant de budgets validés.
Sécurité sociale = déficit, commerce extérieur = déficit, budget national = déficit ! N’importe quel responsable d’organisation humaine qui cumulerait une telle masse de fautes serait évidemment exclu à vie. Mais ces partis sont toujours là. Il y a même des politiques qui osent encore promettre aux Français que la puissance publique va leur donner plus d’argent en travaillant moins alors qu’ils savent que notre pays doit emprunter 800 millions d’euros chaque jour ! La foudre est passée très près avec l’agence de notation Standard & Poor’s qui nous a maintenus au double A. Mais Moodys nous a sanctionnés en dégradant notre dette. La charge de la dette est déjà notre 2ème poste de dépenses ! Les décideurs politiques construisent donc depuis des décennies l’impasse financière, l’impasse sociale, la crise environnementale, la crise des hôpitaux, la crise des prisons… Ils ont agi de telle sorte, involontairement, que le pouvoir d’achat des Français dépend du pouvoir d’emprunter de la France ! Sans emprunt, les finances de 6 millions de fonctionnaires, 17millions de retraités et 5 millions de chômeurs, seraient plombées ! Ne pas mettre les Français face à leurs devoirs et responsabilités, c’est donc leur préparer des lendemains avec des baisses forcées et significatives de revenus. Nous sommes dans l’équipe qui a encore perdu le match, il ne peut y avoir que des primes : il faut bosser… ou déménager.
Que faire ?
Les 64 ans sont un minimum pour la retraite (seule la pénibilité est le bon critère), les 7 heures de travail en plus non rémunérées sont le minimum syndical, nous qui travaillons 1 000 heures de moins par an que les autres, les 3 jours de carence pour tous sont le b.a.-ba pour des finances publiques exsangues, activité contre RSA sont un devoir normal dans notre situation… À force de se nourrir sur la « bête », elle va crever et les efforts subis seront alors évidemment beaucoup plus pénibles que des efforts consentis par sens des réalités.
Les décideurs politiques doivent donc changer de logiciel, une révolution pacifique, déterminée et active, est à faire maintenant. La démagogie et/ou l’idéologie et/ou l’incompétence nous ont tués. La priorité, c’est de résoudre les problèmes de nos agriculteurs : la transmission de leurs exploitations, leurs soucis de trésorerie et la concurrence déloyale qu’ils subissent. La puissance publique doit choisir des produits agricoles français, cesser les importations des pays aux règles environnementales et sanitaires moins exigeantes, et mettre en place un étiquetage clair et lisible pour que le consommateur fasse sa part pour sauver notre agriculture. L’État garantira un étalement de leurs dettes actuelles sur le double de la durée de remboursement prévue, avec une franchise d’un an pour permettre à nos agriculteurs de retrouver leur souffle. Par conséquent, il n’y aura pas d’impact sur les finances publiques si les emprunts sont remboursés.
L’autre priorité est la mise en place d’une proportionnelle aux futures législatives pour éviter le blocage actuel. Si on garde le même mode de scrutin, le risque est grand de repartir sur une Assemblée auto-bloquée.
Bref, on sauve notre agriculture et on met en place une proportionnelle aux législatives. Ensuite, on sait l’énorme coût financier des pollutions, des phénomènes climatiques extrêmes, d’une politique de santé bancale, d’une société où l’individualisme et la compétition sont les règles. Bâtissons donc une société coopérative où les gens se parlent et où l’entraide est le nouveau guide.
Les bons outils
La puissance publique locale et nationale doit susciter, stimuler et accompagner dans tous les quartiers de France les ressourceries, les recycleries (on répare tout, on recycle tout, on réemploie) et les jardins potagers communautaires. La France urbaine doit devenir un potager géant (3 jours de stocks alimentaires dans nos grandes villes).
Les composteurs collectifs, l’habitat groupé (une forme de communauté intentionnelle qui réunit un groupe d’habitants ayant décidé de mettre en commun leurs ressources pour concevoir, réaliser et financer ensemble leur logement), les éco-lieux (un lieu de vie communautaire où les habitants s’engagent à vivre de manière durable en respectant l’environnement et en favorisant l’autonomie), et les systèmes d’échanges locaux doivent se développer. Par immeuble et par quartier, les résidents prendront l’habitude d’échanger leur temps, leurs biens et leurs compétences. Parmi les avantages collatéraux, on constatera alors le développement du covoiturage. Malgré le coût du litre et les bouchons, 70 % des Français roulent seuls en voiture ! Créer les conditions de leur communication efficace produira beaucoup d’économies, donc du pouvoir d’achat. Le logiciel sociétal actuel est producteur de désastres dans tous les domaines. Le nouveau logiciel que je propose est producteur de solutions durables. D’abord, il faudra informer nos concitoyens sur l’état des lieux environnemental et financier. Ils prendront alors, ou pas, leurs responsabilités. Nos impasses imposent, pour le moins, un débat télévisé et radio de deux heures avec un représentant du NFP, un du RN, un représentant du socle commun et un hors Parlement pour une vision extérieure, sur l’environnement, les finances et le social. Les masques tomberont et les réalités apparaîtront. Des experts indépendants rectifieront en direct les erreurs et approximations. Un nouvel état d’esprit peut et doit traverser la France : aux politiques de faire leur boulot. Enfin.
Exploiter les riches avec leur accord
Taxer plus nos 5 000 ultra-riches et nos 300 entreprises à plus de 1 milliard de chiffres d’affaires rapportera 3 sous par rapport aux besoins, c’est inefficace. Un déficit public de 150 milliards signifie trouver 150 milliards et pas quelques dizaines ! Les 4 piliers d’une économie saine et évoluée sont la rénovation énergétique, l’économie circulaire, les énergies renouvelables et l’agriculture bio. Ils sont créateurs d’emplois, de liens sociaux, d’autonomie alimentaire et énergétique de nos territoires, et générateurs de santé lorsqu’on les couple avec l’éducation à la santé. Or, le 1er poste de dépense effectif est la maladie (300 milliards par an).
Notre exécutif doit solliciter ces ultra-riches et ces entreprises pour leur confier la gestion de ces 4 moteurs économiques avec des objectifs chiffrés et planifiés, pour qu’ils les fassent prospérer, forts de leurs talents à agir et recruter les compétences. Les postulats du politicien conventionnel sont la croissance économique et la démagogie alors que les bons postulats sont l’autonomie et la santé.
Jean Marc Governatori
Co-président de Écologie au centre